Débiteurs et frais de recouvrement en B2B : ce que vous pouvez réclamer
Les indemnités forfaitaires de recouvrement sont une mesure prévue par la loi française pour protéger les créanciers face aux retards de paiement.
Elles permettent au créancier de compenser les frais supplémentaires générés par les démarches de recouvrement lorsqu’un débiteur professionnel tarde à régler une facture. En France, cette indemnité a été instaurée par l’article L441-10 du Code de commerce.
Caractéristiques des indemnités forfaitaires de recouvrement
- Montant fixe de 40 € : Le montant de cette indemnité est fixé forfaitairement à 40 € par facture en retard. Cette somme s’applique dès le premier jour de retard de paiement, indépendamment du montant de la facture ou de la durée du retard. Ce montant est défini dans le cadre d’une transposition de la directive européenne 2011/7/UE.
- Applicable entre professionnels uniquement : L’indemnité forfaitaire de recouvrement s’applique dans le cadre des relations entre entreprises, c’est-à-dire entre créanciers et débiteurs professionnels. Elle n’est pas applicable pour les particuliers ou dans le cadre des relations de consommation.
- Automatique et non négociable : Le créancier n’a pas besoin d’obtenir l’accord du débiteur pour appliquer cette indemnité. Il peut l’ajouter directement au montant de la facture impayée en retard.
- Cumul avec d’autres pénalités de retard : L’indemnité forfaitaire de recouvrement s’ajoute aux intérêts de retard, qui peuvent aussi être réclamés par le créancier. Les intérêts de retard sont calculés en fonction d’un taux, souvent défini dans les conditions générales de vente, et augmentent proportionnellement au retard.
Modalités d’application de l’indemnité
- Facturation : l’indemnité peut être inscrite directement sur les factures en retard, mais elle est souvent mentionnée dès le départ dans les conditions générales de vente (CGV).
- Conditions de légalité : Pour que l’indemnité soit exigible, le créancier doit avoir respecté ses propres obligations contractuelles, notamment les conditions de facturation, les délais et les modalités de paiement.
- Débiteurs : professionnels uniquement
NB : En B2C, l’activité de recouvrement pour le compte d’autrui est réglementée par les articles R.124-1 à R.124-7 du code des procédures civiles d’exécution.
En phase amiable dans le cadre d’un recouvrement pour le compte d’autrui, l’article L. 111-8 du code des procédures civiles d’exécution s’applique. Ainsi, il est prévu que les frais de recouvrement de créances amiables sont à la charge exclusive du créancier. L’alinéa 2 de l’article L. 111-8 dispose en ce sens que : « Les frais de recouvrement entrepris sans titre exécutoire restent à la charge du créancier, sauf s’ils concernent un acte dont l’accomplissement est prescrit par la loi au créancier. Toute stipulation contraire est réputée non écrite, sauf disposition législative contraire ».
Par conséquent, la société de recouvrement de créances ne peut pas solliciter des frais de recouvrement en sus du principal et des intérêts moratoires prévus aux deux premiers alinéas de l’article 1231-6 du code civil.
Importance et implications des indemnités forfaitaires
L’indemnité forfaitaire de recouvrement vise à réduire les retards de paiement dans les transactions inter-entreprises, qui peuvent nuire à la trésorerie des entreprises, en particulier les PME. Elle incite également les entreprises à respecter les délais de paiement, contribuant ainsi à une meilleure fluidité financière au sein du tissu économique.
L’indemnité forfaitaire de recouvrement est une mesure simple mais efficace pour compenser les frais subis par les créanciers en cas de retard de paiement. C’est un dispositif strictement encadré pour apporter une solution rapide et standardisée aux coûts additionnels du recouvrement, tout en sensibilisant les entreprises aux conséquences financières de retards de paiement.
En plus de l’indemnité forfaitaire de recouvrement de 40 €, plusieurs autres intérêts et pénalités peuvent être réclamés dans les transactions entre entreprises (B2B) en cas de retard de paiement.
Ces dispositions visent à décourager les retards de paiement, qui affectent souvent la trésorerie des créanciers, notamment des petites et moyennes entreprises.
Autres intérêts et indemnités pour le créancier
1. Les intérêts de retard
Les intérêts de retard s’appliquent automatiquement en cas de non-paiement à l’échéance prévue sur la facture. Leur calcul et leur application sont encadrés par le Code de commerce.
- Calcul des intérêts de retard : Les intérêts de retard sont calculés en fonction d’un taux annuel, qui est souvent stipulé dans les conditions générales de vente (CGV). En l’absence de stipulation contractuelle, le taux de base est égal au taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE), majoré de 10 points de pourcentage.
- Déclenchement automatique : Les intérêts de retard commencent à courir dès le jour suivant la date d’échéance de la facture impayée, sans qu’il soit nécessaire pour le créancier de mettre en demeure le débiteur.
- Exemple de calcul : Si le taux de la BCE est de 2 %, le taux applicable sera de 12 % pour le calcul des intérêts de retard (2 % + 10 %). Pour une facture de 10 000 € impayée depuis 30 jours, les intérêts seraient de :
10 000 X 12/100 X30/365 = 98,63 €
2. L’indemnité complémentaire de recouvrement
Outre l’indemnité forfaitaire de recouvrement de 40 €, le créancier peut réclamer une indemnité complémentaire si les frais de recouvrement qu’il a engagés dépassent ce montant. Cette indemnité permet de compenser des coûts de recouvrement spécifiques, comme l’intervention d’une agence de recouvrement ou d’un huissier.
- Conditions : Le créancier doit justifier des frais engagés et être en mesure de présenter des documents probants (factures d’huissiers, d’agences de recouvrement, etc.).
- Validation judiciaire : En cas de litige, cette indemnité complémentaire peut être validée ou ajustée par un juge.
3. Les pénalités contractuelles spécifiques
Certains contrats commerciaux prévoient des pénalités spécifiques en cas de non-respect des conditions de paiement. Ces pénalités sont souvent mentionnées dans les CGV ou dans des clauses contractuelles précises.
- Nature des pénalités : Elles peuvent prendre la forme de montants fixes ou de pourcentages appliqués sur le montant de la facture impayée.
- Cumul avec les intérêts de retard : Ces pénalités peuvent être cumulées avec les intérêts de retard, mais doivent être mentionnées explicitement dans les contrats.
4. Les frais de mise en demeure
Lorsqu’une entreprise décide d’envoyer une mise en demeure au débiteur, elle peut engager des frais (courrier recommandé, frais administratifs, etc.). Bien que la loi ne stipule pas explicitement la prise en charge de ces frais par le débiteur, certaines entreprises les intègrent dans leurs CGV.
- Validation contractuelle : La possibilité de réclamer ces frais dépend de la mention préalable dans les conditions générales de vente ou dans le contrat.
5. La clause pénale
La clause pénale est une clause inscrite dans le contrat qui prévoit un montant forfaitaire à payer par le débiteur en cas de non-respect de ses obligations, notamment en matière de paiement.
- Montant forfaitaire : Le montant de la clause pénale est fixé à l’avance dans le contrat et ne dépend pas du montant de la facture. Il est dû en cas de retard de paiement, mais peut être modéré par le juge si le montant est considéré comme excessif.
- Conditions de validité : La clause pénale doit être écrite et acceptée par les deux parties, généralement lors de la signature du contrat.
Les entreprises créancières disposent de plusieurs moyens pour compenser les coûts et préjudices subis en raison de retards de paiement dans les transactions B2B, notamment par les intérêts de retard, l’indemnité forfaitaire de recouvrement, les indemnités complémentaires, les pénalités contractuelles, et les clauses pénales. Ces dispositifs, lorsqu’ils sont clairement énoncés dans les CGV ou les contrats, offrent un levier aux créanciers pour favoriser la ponctualité des paiements.
Ces différentes indemnités et intérêts contribuent à fluidifier les relations financières entre entreprises et à éviter les risques d’insolvabilité.
Dans le cadre de créances transmises chez KREANCIA, nous appliquerons conformément à la législation vos CGV et calculerons automatiquement les intérêts à demander.
L’assiette de reversement englobe donc le principal encaissé et tous les frais encaissés en sus.
Image par Michael Schüler de Pixabay